Face au tsunami émotionnel, qu’est-ce que tu fais, toi ? Moi souvent j’écris. Alzheimer,
C’est cette maladie destructrice qui te laisse là sans être là. Chapeau bas à ceux et celles qui ont su et pu rester à tes côtés ces longues dernières années ; moi je n’ai pas pu, je n’ai pas eu la force. La dernière fois que je t’avais vue, c’était il y plusieurs années, et tu n’arrivais déjà plus à parler. Je n’oublierais pas La terreur dans tes yeux. Je n’ai pas pu soutenir ton regard et je n’ai pas su trouver ce qu’il fallait faire ou dire pour te rassurer. Alzheimer, C’est cette maladie qui te renvoie à ton impuissance et ta culpabilité face à celle que nous aimons et qui nous a aimés mais ne nous reconnaît plus. Face à celle qui est totalement perdue et dont le corps peu à peu oublie aussi ce qu’il doit faire. Mamie, Je ne sais pas ce que tu avais envie ou besoin d’oublier, même si je peux l’imaginer, et je ne peux pas imaginer ce que tu as traversé avec cette Alzheimer mais en tout cas même si ces dernières années tu as tout oublié, mais moi je ne t’oublierai pas. Au milieu du tsunami émotionnel et des souvenirs en pagaille, Je n’oublierai pas Qu’aujourd’hui tu es la dernière de mes grands-parents à partir, et les grands-parents, dans une vie, c’est quelque chose de tellement fort, de tellement important. Je n’oublierai pas Tous ces moments précieux passés avec toi et tout ce que tu m’as transmis, consciemment ou inconsciemment, je t’en suis et t’en serai toujours reconnaissante. Je n’oublierai pas Les séjours à Nyons, les balades, mais surtout les olives et la tapenade Je n’oublierai pas La taille de ta garde-robe et ta manie de vouloir tout garder, face à un papi précurseur de Marie Kondo, qui jetait des choses t’appartenant en cachette. Je n’oublierai pas Que tu m’as donné mon premier job, à l’imprimerie pendant les vacances. Je n’oublierai pas. Cette expérience génialissime. Récemment une personne m’a demandé s’il y avait des entrepreneurs dans ma famille, et j’ai réalisé que je n’avais jamais pensé à toi et à papi. Je n’oublierai pas Ton côté femme d’affaires qui a eu un impact sur moi. Une femme patronne à ton époque, c’est franchement incroyable si on y réfléchit deux minutes. Tu as été, es et seras toujours une source d’inspiration. Je n’oublierai pas Ton côté têtu, qui faisait de toi à la fois une femme super déterminée mais parfois un peu de mauvaise foi. Si, si je me souviens de ces moments où tu fumais en cachette dans les toilettes et mentais effrontément quand on te posait la question, une adolescente de 75 ans ! Je n’oublierai pas Les histoires que tu m’as raconté sur la guerre, ta façon d’en parler, du mieux que tu pouvais, tes albums photos, ta passion de l’histoire et de la généalogie, ton amour de l’écriture et ton envie de raconter Je n’oublierai pas Les cueillettes de groseille et les confitures qui allaient avec, car ce serait quoi une mamie qui ne fait pas de confiture ? Je n’oublierai pas Ta cuisine incroyable et les bons repas partagés, ta facilité à rassembler. Je n’oublierai pas Tes fous rires, tes regards tendres et tes questions piquantes Je n’oublierai pas Ta grande gueule et ta douceur Je n’oublierai pas Ta façon de te maquiller et de te pomponner en toute circonstance et à tout âge, mais surtout Je n’oublierai pas Toutes les économies que tu m’as permis de faire sur les tubes de rouge à lèvres. Car une chose est claire, autant j’aimais beaucoup tes baisers, autant mes joues étaient beaucoup moins fan des traces que tu y laissais… Je n’oublierai pas Notre semaine passée à Saint-Malo. Je n’oublierai pas Ta peur de vieillir et ton obsession des cheveux blancs, et cette gaffe extraordinaire, Le jour où quand je quelqu’un de l’hôtel t’a demandé pourquoi tu te teignais les cheveux, que tu as répondu que ça faisait « mémé » et juste à ce moment-là ton amie qui ne se teignait pas les cheveux est arrivée dans la pièce…. Et a répondu qu’elle était fière d’être une mémé. Je n’oublierai pas cette histoire car malgré la gêne immédiate, ce genre de fait des souvenirs précieux et je te promets que j’en fais des pires, et je m’applique à ne pas perdre ce côté de toi, sinon on se prend trop au sérieux. Je n’oublierai pas. Mamie, Je suis en tout cas sure d’une chose, il y au moins une personne qui est heureuse aujourd’hui là-haut, enfin là-haut, là-bas, dans une autre dimension, quelque part, peu importe où, oui il y en a un qui doit être drôlement content de te retrouver, et je suis sure qu'il t’a fait bon accueil. Oui c’est Papi. Alors ça me soulage un peu de vous imaginer tous les deux réunis dans un autre monde, probablement déjà en train de faire une partie de scrabble ou de rigoler en veillant sur nous.
1 Comment
Chambost kenia
3/23/2019 00:47:02
Je pense à toi sylvie et t embrasse très fort.
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AuthorSylvie Meynier Categories
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